Tu monopolises une heure de ma journée. Et j'avoue qu'il s'en passe des choses chez toi. On rencontre tellement de gens différents : des cadres, des SDF, des étudiants, des enfants, des vieux...
Pendant une heure je les regarde je leur vole quelques minutes de vie et j'apprends à les connaître en deux minutes. Je n'ai jamais parlé à aucun d'eux mais en fonction de ce qu'ils lisent, de quoi ils parlent, de leurs vêtements j'apprends à les connaître en deux minutes chrono.
Il y a les SDF qui viennent demander de l'argent soit en se plaignant (j'ai plus de maison, ma femme est partie, j'ai deux enfants etc..), soit en chantant (souvent faux). Il y a les étudiants qui le matin sont blasés d'aller en cours alors soit ils révisent, soit ils dorment. Il y a les cadres qui sont en costumes ou en tailleur à 8h le matin. Il y a ceux qui luttent pour ne pas s'endormir et qui vont se réveiller juste à leur arrêt ou alors aux stations d'après.
Pendant une heure, je les regarde me demandant ce qu'ils font, où ils vont, s'ils sont heureux. Il y en a peut être que je croise tout les matins ou tous les soirs sans les reconnaître. J'en ai peut être aidé certains sans le savoir. J'ai peut être assister à des ruptures ou à des gens qui tombent amoureux. J'en ai vu courir pour avoir le métro et finalement remarqué que le métro qui part et celui du quai d'en face. Il y a ceux qui rentre dans le métro alors qu'il n'y a plus de place. Il y les enfants qui posent des questions originales (Dis papa, tu penses que certaines personnes volent des animaux pour avoir des récompenses?), certains enfants qui pleurent, qui crient ou qui vous regarde avec de grands yeux.
A ceux que je croise, à ceux dont j'ai étais la voisine, à ceux que j'ai poussé pour avoir une place, à ceux qui m'ont vu dormir, à ceux que je vais regarder ce soir.
